Un deux trois est le premier ouvrage de Rebecca Armstrong. Un deux trois commence par une liste, lancinante et cruelle, de prénoms au féminin, pour autant de femmes tombées sous le continuum des violences.
Et commencent les récits : tour à tour révolte et résignation, colère et espoir, pour mettre à distance des récits intimes tout en affirmant une nécessité : écouter ce qui est tu(é), honorer ces vies, nous prendre par des fictions qui trouent leur singulière banalité.
Dans cette brèche poétique résonnent des voix, anonymes, sur une nappe souterraine : ce que crie la narratrice, et le secret qu’elle porte.
Une douleur et un chant que chacune et chacun porte alors en soi d’avance, et que la beauté exorcise.
Un devoir pourtant, celui de nommer.
Puis ce jour est venu. Il est rentré. Il a dû le sentir en refermant la porte derrière lui. Que l’air était différent. Un air que personne n’avait respiré. Un air en attente d’humanité. Il avancé. J’imagine seulement, c’est tout ce que je peux faire.
C’est très intense, les émotions sortent comme la lave du volcan : il faut que ça sorte, il faut que ça explose, et là par la parole, par le geste de l’enfant.
Je reprends la métaphore du volcan dans le livre. On ne voit pas toujours ce qui bouillonne à l’intérieur, caché et puis le moment venu, le bon, toute la puissance jaillit. Ces poèmes écrits à la première personne, tout le monde peut se les approprier en lisant le ‘Je’.
C’est une enfance maltraitée que Rebecca Armstrong raconte dans son livre Un deux trois (Ed. Christophe Chomant). La sienne. L’histoire d’une famille sous la coupe d’un mari/père violent à Val-de-Reuil. Ce récit bouleversant prend les contours de la poésie pour exprimer la douleur et la rage, l’impuissance et la haine.
Parce qu’en 2022, “cent onze femmes ont été assassinées par leur compagnon, par leur ancien compagnon”, Rebecca Armstrong cherche, par de nombreuses variations, à aller au-delà des réalités tangibles, approche au plus près le noyau de peur qui pulse en chaque victime.
Un été
Au siècle dernier ou
Ça s’est passé demain
Ou ça se passera hier
je ne sais plus très bien
Qui m’avait raconté
la fille, la grand-mère, la mère, la voisine, l’ancienne
C’était un été oui, je le sais
Les corps
Les femmes
Texte & voix : Rebecca Armstrong
Musique : Sébastien Miel
Réalisation : Rebecca Armstrong
J’ai dit “une chanson va accompagner le livre, une comptine-colère et ses paroles seront dans le livre.”
Contact Rebecca Armstrong
email : latelier@rebeccarmstrong.net
instagram : @armstrongr
Rebecca Armstong
Un deux trois
Christophe Chomant Editeur
ISBN : 978-2-84962-557-6