Ce livre, ce recueil, se situe exactement au point de ma nécessité d’écrire, nécessité ayant donné naissance à un deux trois.
Perrine a rencontré sur plusieurs semaines des femmes victimes de violences conjugales. De ces témoignages sont nés ces textes. C’est là qu’est née la sensation d’étrangeté. La sensation de tout connaître de ce qui était mis par elle en mots. Et ce qu’elle écrit à partir de ces voix de femmes qu’elle a collecté, je l’ai écrit aussi. Autrement puisqu’à partir de mes souvenirs et de mes tripes mais portée par ce même élan poétique. Des textes uppercut. Toutes les nuances du rouge.
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Putain cognait-il si je mettais du rouge
Elle déclenche la violence la féminité
Les insultes l’interrogatoire les brutalités
Rouge sang
Dans ma nouvelle collection je choisi un tube
Rouge pute
Je dessine mes lèvres, redessine ma vie,
Visible
Vivante
Rouge vif
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Je ne bouge pas, juste les larmes
Je ne le regarde pas, juste les larmes
Le temps ne passe pas, juste les larmes
Grand débat entre les avocats, le coup de boule
devant l’école était-il intentionnel ou pas ?
Et les coups de boule sans témoins ?
les strangulations sans témoins
les représailles sans témoins
Je ne bouge pas, juste les larmes
Je ne le regarde pas, juste les larmes
Le temps ne passe pas, juste les larmes
J’ai survécu au quotidien aux menaces aux nuits, j’ai
survécu aux questions de la police Quand il vous
frappe il vous dit quoi ? J’ai survécu à ses droites
à ses beuveries, j’ai survécu à la confrontation
côte à côte il faut que je parle et lui il frotte ses
mains, j’ai survécu à la lenteur de la procédure à
l’aménagement de sa peine
J’ai aménagé
Mes peines mes peur mes culpabilités
Je suis ailleurs, juste les larmes